Un polar mongole qui vous marquera à jamais ! 

Mon avis : 

Je continue ma découverte des auteurs de la Ligue de l'Imaginaire avec Ian Manook qui y a posé sa yourte récemment.

Yeruldelgger c'est exactement le genre de policier que j'aime, vieux briscard qui a roulé sa bosse et qui a souffert pour en arriver là où il en est. Mais c'est aussi un homme de traditions qui a perdu sa force tranquille au profit d'une colère dévastatrice après la perte de sa fille Kushi survenue 5 ans auparavant, enlevée et assassinée alors pour l'obliger à perdre pied lors d'une enquête extrêmement délicate (comprenez politique, magouilles et compagnie). 

Yeruldelgger à la force de ses poings et de son franc parler est le genre d'homme qui n'hésite pas à sortir son arme pour la faire parler à sa place. C'est un homme déterminé et qui n'a pas froid aux yeux !  

Oyun sa partenaire dans l'enquête qui va raviver de mauvais souvenirs - la découverte du cadavre d'une fillette enterrée dans les steppes mongoles - est elle aussi empreinte d'une force de caractère et va au turbin en suivant les pas de son homologue. 

Solongo la confidente et amie de Yeruldelgger est médecin légiste, elle se révélera être une alliée de taille pour suivre les méthodes pas toujours orthodoxes de l'inspecteur. 

Gantulga est un petit rusé fort attachant qui a l'étoffe d'un Yeruldelgger. 

Ajoutez à ces personnages : des chinois émasculés, Mickey, Adolf et ses nazillons, Colette, un vélo rose, de la corruption et des traditions mongoles immuables et vous obtenez un polar mongole des plus addictifs.

L'auteur bichonne ses protagonistes et vous offre toute une panoplie de couleurs et de caractères qui les rend tous intéressants mais attention telle une gifle que vous n'auriez pas vu arriver il va vous secouer et vous malmener, un conseil ne vous attachez pas trop. 

Les descriptions des paysages mongoles sont tellement explicites qu'on a l'impression d'évoluer dans l'histoire, les termes culinaires spécifiques nous font penser que l'on boit un thé au lait salé ou que l'on mange un kuushuur (sorte de ravioli frit de viande de mouton).

Les chapitres sont rythmés et portent en titre les derniers mots, on s'amuse à chercher le contexte et cela procure une bonne dynamique de lecture.

La plume de Ian Manook est impressionnante, fouillée, mystique, on ne peut qu'être conquis par cette histoire et tant pis si par moment c'est plutôt rude parce qu'il y a là de quoi être admiratif. Un vrai coup de coeur que je recommande bien-sûr, pas étonnant que le livre ait obtenu autant de prix, c'est indiscutable Yeruldelgger est unique !