"Le seul trésor qu'ils côtoyaient chaque jour était en même temps l'expression de leur calvaire, cette nature majestueuse et sournoise, pareille à une femme fatale impossible à oublier." 

Mon avis : 

J'ai rencontré Franck Bouysse en avril 2016 lors du salon Mauves en Noir, il me parlait alors d'une balade en territoire Cévenol, un pays de taiseux et de secrets. Et voilà notre résumé, en une seule phrase l'ambiance est annoncée, il ne m'en faut pas davantage pour m'intéresser à cette histoire. 

Je dois avouer que le contexte, pas celui-ci en particulier, m'est familier. La campagne, les champs à perte de vue, le quotidien des paysans, les conditions météorologiques rythmant le travail, loin d'être une sinécure. Le petit-déjeuner composé de charcuterie et de fromage, la traite des vaches, les discussions entre voisins de ferme malgré des hommes réputés taciturnes. Tout cela me parle et intrinsèquement apporte une immersion immédiate. 

"Les distances, dans ce coin-là, c'est du temps, pas des mètres."

La vie de Gus, paysan entre deux âges, va être bouleversée le jour de la disparition de l'abbé Pierre. Entraînant dans son sillage, Abel, son voisin avec qui il partage quelques verres à l'occasion de services rendus. 

L'auteur nous offre un magnifique roman noir et nous laisse dans une attente anxieuse face aux événements qui s'enchaînent pour nos deux protagonistes. L'on sent l'amour pour la terre, les silences et le milieu rural. Ce dernier étant sublimé par la plume de Franck Bouysse. L'on ne peut que le remercier de cette intention de partager son propre attachement à travers ses personnages.